Ésaïe a écrit : « Toute notre justice est comme un vêtement souillé » (Ésaïe 64:5). Paul a dit : « Il n’y a point de juste, pas même un seul » (Romains 3:10). Pourquoi cela ? Parce que « ta justice est une justice éternelle, et ta loi est la vérité » (Psaume 119:142). Pour être juste, un homme doit avoir obéi à la loi de justice pendant toute sa vie. De même qu’une seule tache d’encre salit un col blanc, de même un seul péché trouble la justice. Actuellement, chacun de nous a plus d’endroits « tachés d’encre » qu’il ne le pense. Nos vies ont été « noyées dans l’encre ». Alors, quelle quantité de justice possédons-nous ? Ellen White précisa : « Étant mauvais, nous ne pouvons pas obéir parfaitement à une loi sainte. Nous ne possédons pas de justice personnelle qui nous permette de répondre aux exigences de la loi de Dieu. » [1] Donc, aucune. Zéro.
Quelquefois, nous pensons que notre grand besoin est d’avoir un compte en banque bien garni, un certain travail, une voiture neuve, une maison ou quelque chose d’autre. Mais, notre plus grand besoin est celui de la justice. Jésus dit : « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu. » (Matthieu 6:33). Notons, avec soin, quelle justice nous devons rechercher. La nôtre ? Non. Jésus dit : « sa justice ». Le problème, avec l’ancien Israël, fut que « ne connaissant pas la justice de Dieu », il a continuellement « cherché à établir sa propre justice » (Romains 10:3). Ceci est naturel pour la nature humaine déchue. Pourtant, c’est une impasse.
Je me souviens que, lorsque j’étais un jeune garçon j’écoutais l’histoire d’un petit train gravissant une grande montagne. Le train se disait, sans cesse en lui-même : « Je vais y arriver, je vais y arriver, je vais y arriver. » Après beaucoup d’efforts et de fatigue, le train arriva au sommet de la montagne. Comme ce petit train, nous voulons souvent atteindre le sommet de la colline par nos propres forces. Nous voulons « couvrir » nos péchés passés en les chassant par une analyse rationnelle. Nous voulons atteindre le Ciel par nos propres efforts afin « d’être bons ». Nous voulons prouver que nous sommes dignes, que nous avons du mérite, et ainsi établir notre propre justice. Mais la Bible dit que le salut « n’est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie » (Éphésiens 2:9). Et encore : « Où donc est le sujet de se glorifier ? Il est exclu. Par quelle loi ? Par la loi des oeuvres ? Non, mais par la loi de la foi. » (Romains 3:27).
Notons-le bien. Ces versets révèlent que le salut par les oeuvres est associé à l’orgueil. Si nous pouvions atteindre le sommet de la colline, par nos propres forces, alors nous pourrions nous glorifier : « Je l’ai fait ! Regardez-moi ». Au lieu de dire : « Comme tu es grand », ce serait : « Comme je suis grand. » Ainsi, nous répéterions le péché de Lucifer qui désirait « monter au Ciel », et prendre la place de Dieu ! (Cf. Ésaïe 14:12-14). Par conséquent, la racine du problème, avec la justice par les oeuvres, est le moi luttant avec orgueil pour devenir son propre dieu. C’est le même « désir égoïste » qui, commençant avec le diable, est la « racine de tous les péchés ». « Essayer de devenir un petit dieu n’est pas seulement la base du mouvement du Nouvel-Âge. C’est aussi la base du « mouvement de la justice par les oeuvres », si souvent présent dans l’Église.
A la session de la Conférence Générale de 1893, le pasteur A. T. Jones passa beaucoup de temps à expliquer la relation entre Satan, le moi et la justice par les oeuvres. S’adressant aux délégués, il leur dit : « Ce n’est pas nécessaire que nous retournions dans les ténèbres de l’expérience de Satan, nous savons tous ce qui causa sa chute. Qu’est-ce que c’était ? [L’assemblée : ‘l’orgueil’]; le moi est la racine de tout; l’orgueil est seulement le fruit du moi. » [2]
Jones continua : « Eh bien, voilà l’état d’esprit qui est présent dans toute l’humanité. Maintenant, voyons comment cet esprit charnel, cet homme naturel, agit en matière de justice, en matière de justification. » [3] Il exprima alors la pensée que la justice par les oeuvres est satanique. « C’est uniquement l’esprit naturel dépendant de lui-même, agissant par lui-même, s’exaltant lui-même; et couvrant le tout avec la profession d’une croyance en ceci, en cela, etc..., mais n’ayant pas la puissance de Dieu. » [4] Attirant l’attention sur ce point, Jones dit aussi : « Quelle est la condition de celui qui se met à penser qu’il est à peu près bon, et qui se fait ses propres louanges ? La tromperie de Satan domine sur lui. » [5]
Avec l’habileté d’une araignée, nous essayons de tisser un habit de justice, pour nous-mêmes. Ce qui se réalise, en fait, c’est une toile de propre justice avec laquelle nous nous piégeons ! Ésaïe écrivit : « Leurs toiles ne servent point à faire un vêtement, et ils ne peuvent se couvrir de leur ouvrage; leurs oeuvres sont des oeuvres d'iniquité » (Ésaïe 59:6). Nous ne pouvons pas couvrir notre culpabilité par une analyse rationnelle, ni en essayant d’être bons, pas plus qu’Adam et Ève n’ont pu se couvrir avec leurs feuilles de figuier. Et ces efforts poussés, s’ils sont motivés par un « désir égoïste », sont eux-mêmes « des oeuvres de d’iniquité ». Ainsi, c’est littéralement vrai : « Toute notre justice est comme un vêtement souillé » (Ésaïe 64:5). La propre justice n’est pas la justice. C’est plutôt un péché, « et le péché est la transgression de la loi » (1 Jean 3:4). Alors, quelle quantité de justice possédons-nous ? « Nous ne possédons pas de justice personnelle qui nous permette de répondre aux exigences de la loi de Dieu. » [6]
Dans le conte célèbre de L’Empereur des Vêtements Neufs, le roi fut dupé par un marchand rusé qui lui fit croire qu’un certain vêtement, n’existant pas, était pourtant réellement là. Il lui dit que seulement les ignorants ne pouvaient pas le voir. Mais, il n’y avait pas de vêtement. Les yeux du roi s’ouvrirent finalement le jour du grand défilé, quand un petit garçon, dans la foule, s’écria : « Papa, le roi est tout nu ! » Des milliers de gens, dans les années 1990, ont aussi été trompés par le serpent rusé, en croyant que leurs légers vêtements de propre justice résisteront à l’épreuve. Mais, au jour du jugement, ces toiles d’araignée et ces feuilles de figuier se révèleront invisibles. Notre seul espoir est de réaliser, maintenant, que nous sommes nus et que nous avons besoin d’être revêtus de la véritable robe de la justice de Jésus-Christ. Ceci est particulièrement vrai pour ceux qui se flattent eux-mêmes d’être de « braves gens ». « Nous pouvons, comme Nicodème, nous bercer de l’illusion que notre vie a été correcte, que notre moralité n’a rien laissé à désirer, et en conclure que nous n’avons pas lieu de nous humilier devant Dieu comme de vulgaires pécheurs. Mais quand la lumière de Jésus-Christ brillera dans notre âme, nous verrons combien nous sommes impurs; nous discernerons l’égoïsme de nos mobiles et l’inimitié contre Dieu, qui ont souillé tous les actes de notre vie. Nous nous rendrons compte que notre justice est véritablement comme le linge le plus souillé, et que seul le sang de Jésus peut nous purifier de la souillure du péché et transformer nos coeurs à sa ressemblance.
« Un rayon de la gloire de Dieu, une lueur de la pureté de Jésus-Christ pénétrant notre âme, en fait douloureusement et nettement ressortir chaque tache. Il met en évidence la difformité et les défauts du caractère humain, les désirs non sanctifiés, l’incrédulité du coeur, l’impureté des lèvres. Les actions déloyales du pécheur, actions qui outragent la loi divine, éclatent à ses yeux. Son esprit est humilié et affligé sous l’influence scrutatrice de l’Esprit de Dieu; il se prend en dégoût en présence du caractère pur et immaculé de Jésus...
« L’âme ainsi touchée aura une profonde aversion pour son amour du moi et recherchera, par la justice du Christ, une pureté de coeur conforme à la loi de Dieu et au caractère de Jésus. » [7] Le Message de 1888 nous avertit de ne pas acheter de « vêtements invisibles ». Non seulement, c’est gaspiller son argent, mais cela peut nous coûter notre âme.
Notes :